Déficit énergétique dans la sous-région : Le Comité des Ministres de l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (AGAO) à Lomé pour trouver des solutions à la crise
Des pays de l’Afrique de l’Ouest sont confrontés depuis quelques temps à une crise énergétique qui impacte négativement les activités socio-économiques dans la sous-région. Conscient de cette réalité, le Comité des Ministres de l’Autorité du Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest (AGAO) s’est réuni le mardi 02 Avril 2024 à Lomé, pour une session extraordinaire. Cette réunion s’est tenue en présence de Mila AZIABLE, ministre déléguée auprès du Président de la République chargée de l’Énergie et des Mines et Présidente du comité des ministres du GAO.
Placée sous le thème « quelles stratégies d’approvisionnement en gaz pour combler le déficit énergétique actuel de la sous-région ? », la rencontre a pour objectif de mettre en place de nouvelles stratégies et solutions durables pour remédier à ce déficit énergétique. La session a regroupé des représentants en charge de l’énergie du Nigéria, du Ghana, du Bénin et du Togo ainsi que les personnalités de la CEDEAO et du WAPCo suite à la crise d’approvisionnement en gaz naturel à laquelle est confronté le GAO.
Initié par les 04 États membres de la CEDEAO, le Gazoduc de l’Afrique de l’Ouest est une infrastructure de 678 km de pipeline qui transporte du gaz naturel depuis la République du Nigéria vers les centrales thermiques et industries de production d’énergie électrique du Togo, du Ghana et du Bénin depuis 2012.
Prenant la parole, Madame la ministre Mila AZIABLE, a évoqué les défis rencontrés lors de la mise en œuvre de ce projet. « Les difficultés rencontrées depuis la mise en service du projet en novembre 2011 notamment les aléas maritimes, la déclaration de force majeure entre 2013 et 2020 ainsi que les contraintes financières ont considérablement impacté les performances du GAO. Face à cette situation, le comité des ministres, plus haute instance de gouvernance du projet a judicieusement trouvé une solution entre tous les acteurs du GAO et du WAPCo (West African Gas Pipeline Company) l’opérateur du réseau et les institutions étatiques », a déclaré Mme AZIABLE.
A l’occasion, la ministre a également salué tous les acteurs œuvrant au bon fonctionnement de ce projet en particulier le Chef de l’État, Faure Essozimna GNASSINGBE pour son appui constant tout au long du projet et les réformes lancées qui ont connu des avancées significatives notamment l’intégration de nouveaux chargeurs en 2012, permettant l’enregistrement de 11 chargeurs dont 03 déjà opérationnels, l’exécution du projet d’interconnexion Takoradi-Téma permettant l’augmentation du flux de gaz transporté par le GAO ainsi que le processus en cours des États parties pour amender la loi et le règlement du GAO dans le but de renforcer l’autorité du GAO et promouvoir un environnement commercial équitable.
Les conséquences socio-économiques de l’actuelle crise énergétique
Depuis janvier 2024, une crise de l’énergie secoue la région principalement en raison du manque d’approvisionnement en gaz naturel, ce qui est à l’origine des séquences de délestages auxquelles font face les pays membres dont le Togo. Une situation qui n’est pas sans conséquence majeure sur le vécu quotidien des citoyens et des entreprises.
« La crise énergétique que connaît actuellement notre sous-région pèse lourdement sur nos pays. Ce déficit énergétique a un impact significatif sur nos économies et le bien-être de nos concitoyens. Les perturbations de l’approvisionnement en gaz pénalisent nos activités quotidiennes. À titre d’exemple, la demande en gaz naturel au Togo est actuellement de 35 000 MM BTU par jour, mais seulement 5 000 à 15 000 MM BTU par jour sont fournis, voire rien du tout lors de certaines périodes. Cela engendre des coûts de production d’électricité nationale très élevés lorsque les combustibles de substitution au gaz naturel sont disponibles ou entraîne des coupures fréquentes qui ont des effets néfastes et lourdement ressentis. Il en va de même pour nos voisins du Bénin et du Ghana”, a souligné Madame la ministre.
Les solutions envisagées par l’AGAO face à la crise énergétique
Face à la crise énergétique actuelle, l’AGAO ne compte pas rester indifférent. Il veut trouver des solutions adéquates pour pallier ce déficit. Ainsi, pour l’année 2024, un accent particulier sera mis sur la sécurité de l’approvisionnement. WAPCo, l’opérateur du gazoduc, devra garantir des services de transport de gaz sûrs et fiables.
S’agissant de l’aspect commercial, l’approvisionnement en gaz en provenance de l’Est devrait augmenter suite à la fin des activités de maintenance des fournisseurs de gaz. Aussi le Conseil des Ministres de l’énergie des quatre pays a-t-il demandé que « des mesures urgentes » soient prises pour augmenter l’approvisionnement en gaz du Nigeria et a invité WAPCo à fournir un plan pour améliorer la livraison de gaz. A cet effet, le Ministre nigérian, M. EKPERIKPE EKPO, a assuré ses collègues que des mesures seront prises pour garantir la disponibilité du gaz au Nigeria et l’amélioration constante de l’approvisionnement en gaz du gazoduc.