Le dimanche 7 décembre 2025, la Côte d’Ivoire, sous l’égide du Groupe de la Banque mondiale, a accueilli un sommet régional stratégique sur le développement du gaz naturel en Afrique de l’Ouest. Cet événement a rassemblé de hautes autorités de la région, dont le Ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, M. Mamadou Sangafowa-Coulibaly ; le Ministre délégué chargé de l’Énergie et des Ressources minières du Togo, M. Robert Eklo Koffi Messan ; ainsi que le Président de l’Autorité de Régulation de l’Énergie du Bénin, M. Édouard Dahomé, représentant le Ministre José Tonato.
Étaient également présents M. Ousmane Diagana, Vice-président pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à la Banque mondiale, des représentants de la Société Financière Internationale (SFI), ainsi que les délégations techniques des trois pays.
L’objectif principal de cette rencontre était de présenter les besoins en gaz naturel des trois pays, d’exposer les investissements nécessaires pour sécuriser l’approvisionnement, et d’identifier les domaines où la Banque mondiale pourrait offrir un soutien stratégique et opérationnel. Cette dynamique vise aussi à réduire les coûts énergétiques fortement impactés par le déficit en gaz dans la région.
Le sommet a officiellement débuté au Radisson Blu d’Abidjan après une visite du site de la Compagnie Ivoirienne de Production d’Électricité (CIPREL).
Dans son discours d’accueil, le Ministre ivoirien Mamadou Sangafowa-Coulibaly a souligné la gratitude du pays envers le Groupe de la Banque mondiale. Il a rappelé que la réunion intervient à un moment déterminant où la disponibilité en gaz naturel conditionne la réussite des politiques énergétiques nationales. Ces politiques sont intégrées dans la Mission 300, initiative conjointe de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement.
Le représentant du Bénin a insisté sur l’importance de cette coopération régionale pour garantir un approvisionnement fiable et compétitif en énergie, invitant à renforcer les synergies entre les États afin d’assurer une transition énergétique durable et équitable au bénéfice de tous les Ouest-Africains.

Une action résolue du Togo pour une énergie abordable et durable
Le ministre togolais Robert Eklo a réaffirmé l’importance capitale d’une énergie accessible pour accompagner l’industrialisation et le développement durable. Il a déclaré :
« Ce n’est pas parce que l’un des pays avance que cela fait reculer l’autre. Nous sommes ouverts à une coopération énergétique régionale forte pour répondre aux besoins de nos populations. »
Cette collaboration traduit la volonté des trois pays de progresser ensemble vers une sécurité énergétique durable. L’importation mutualisée de gaz naturel liquéfié (GNL) est au cœur des discussions, avec pour objectifs d’optimiser les coûts et garantir un approvisionnement constant et compétitif.
Dans une vision à plus long terme, Robert Eklo a suggéré la création d’une institution régionale dédiée au gaz naturel, calquée sur le modèle du West African Power Pool (WAPP) pour l’électricité, afin de mieux coordonner les politiques et renforcer la puissance de négociation collective.

Des besoins croissants et des solutions adaptées
Les présentations des trois pays ont révélé une demande continue croissante en gaz naturel, particulièrement au Togo et au Bénin, tant pour la production électrique que pour l’industrie. Les infrastructures gazières existantes, notamment le gazoduc West African Gas Pipeline (WAGP), atteignent leurs limites, poussant les États à envisager des solutions complémentaires telles que le développement du GNL, l’expansion des pipelines et la création d’installations mutualisées de stockage et de regazéification.
Le Togo a exposé sa stratégie axée sur la sécurisation et la diversification des sources de gaz, avec des actions clés telles que la sécurisation de contrats fermes, le remplacement du shipper Axxela, le renforcement du rôle de SOTOGAZ, la mise en place d’un stockage stratégique, ainsi que la diversification logistique incluant GNL, SSLNG et des importations alternatives depuis le Ghana, la Côte d’Ivoire ou le Bénin. Quelques avancées sont déjà en cours, notamment les études pour l’importation de GNL depuis le Nigeria, la planification de capacités de stockage et les négociations autour du WAGP.
À court terme, l’importation de GNL apparaît comme la solution la plus réaliste pour combler les déficits énergétiques.

Un plan d’action concret pour avancer ensemble
Les ministres ont validé un plan d’action en trois étapes :
- Mutualisation de l’importation de GNL pour sécuriser l’approvisionnement et réduire les coûts,
- Création d’un groupe de travail technique sous un mois pour définir le modèle opérationnel de cette coopération,
- Élaboration d’un projet bancable soutenu techniquement et financièrement par le Groupe de la Banque mondiale.
Ousmane Diagana, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, a réaffirmé l’engagement de son institution à accompagner cette démarche, notamment via les filiales IFC et MIGA, apportant ainsi crédibilité et viabilité à la coopération énergétique régionale.
Cette rencontre illustre la détermination du Togo, aux côtés de la Côte d’Ivoire et du Bénin, à jouer un rôle moteur dans la sécurisation de l’approvisionnement en gaz naturel et à soutenir l’intégration énergétique sous-régionale. Elle ouvre la voie à une Afrique de l’Ouest plus intégrée, compétitive et tournée vers un avenir énergétique durable.